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Le Romanef
Couverture Le Romanef

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LÉVESQUE ÉDITEUR

Un extrait du Romanef :

«Devant nous s’érige un paquebot. De près, on dirait une enclume massive. Mais sa proue est fine : il y a une raison à la coque noire. Elle arrêtera le temps, coupera le plat de l’horizon et fendra les vagues dans leurs mouvements, de sorte que tout existera bientôt autour du transatlantique. Et que le monde connu se pliera le long de ses flancs.

Mais regardons. Vous allongez de votre présence un ruban d’êtres humains plus ou moins patients. Vous n’avez plus d’âge précis. Moi non plus. Et nous attendons, regardant qui nous entoure. D’autres s’apprêtent à embarquer. Je distingue immédiatement un homme aveugle. Seul. Il se dirige vers la file de passagers, la tête haute. Ses lunettes de soleil, parfaitement opaques, reflètent un pan de ciel bleu et blanc. Et tout cela bouge.

Des voitures stationnent où elles le peuvent. Beaucoup de gens sont vêtus de noir. Certains se tiennent à un chapeau. Les hommes, surtout. Les femmes ont des résilles, et abritent leurs jolies coiffes sous une série d’épingles longues, parfois perlées, qui se hérissent tout doucement à mesure que le vent gode sous la passerelle où monte une longue enfilade de corps humains.

Avant de s’élever vers le ciel où les attendent les ponts du paquebot, ils ont tous vu le nom peint sur l’immense pointe fontaine de la coque, nom qu’ils associeront à des yeux gris : Athenia, le premier transatlantique de ce nom.

C’est le premier de tous les mai du siècle. Et le premier jour de ce mois de mai.»

Andrée Laurier, Le Romanef, roman, Lévesque éditeur, 2010.

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